Céline Guarneri

Je connais ce royaume
fait d'étreintes sacrées
Où Thésée dans sa paume
Ne trouva jamais
Le fil de sa liberté.

Il dort au creux des reins cambrés
Dans les souffles mêlés
Dans les noms prononcés qui glissent
au travers des lèvres pincées
et rôde solitaire
autour des femmes imaginaires
auxquelles tant de poètes rêvèrent
et que leurs longs baisers de prose révèrent.

Là-bas le souvenir des chairs
est comme un bruit de chaînes amères
Signaux orphiques et solaires
qui confondent d'un même soupir
plaisirs et tourments,
les meilleurs comme les pires.

Mais de l'enlacement des astres sans nom
Saison contre saison,
le cilice apprit le sens du frisson
cette folie de la suprême proximité
cette damnation des sens exacerbés
où demeure la douceur d'un secret
Aurore d'une vie un beau matin de mai.

De ce royaume qui n'est point carré
Ne reste souvent au matin
Que le plus léger,
Le satin
des cheveux défaits
le sourire d'une plume envolée
et deux corps apaisés...