Céline Guarneri

J’ai le matin aux trousses
Mais sa peau est si douce
Les plaines de son dos détroussent
ma fatigue au rythme de ses murmures de mousse
Vastes étendues de peau agitées par les secousses
Des doigts voyageurs que le désir éclabousse

J’ai le matin aux trousses
Mais son drap glisse sur sa hanche,
Nappe blanche du dimanche
Déposée délicatement sur mes appétits
Nectar de rêverie
En tranches
Puits sans fonds au-dessus duquel je me penche.

J’ai le matin aux trousses
J’avale un dernier rayon d’obscurité dans ses yeux
J’ai son haleine tatouée à l’envers de mes paumes
Là-haut la lune se moque et compte mes hématomes

J’ai le matin aux trousses
Mais j’entends des cris dans ses reins
Appel irrésistible du Muezzin de ses caresses d’airain.
J’ai la nuit tout le jour dans la bouche
Quand auprès d’elle je me couche.

J’ai le matin aux trousses
Mais je crève de lumière
quand elle referme ses paupières
et griffe de ses ongles fiers
la perfection du vertige éphémère
qui mène au grand mystère.

J’ai le matin aux trousses
Mais le fleuve sourd de nos destins
Exhale ses bouffées sur nos lèvres de carmin
J’ai vu l’étoile du sud s’endormir sur son sein
Et de matin en matin,
J’ai eu l’amour aux trousses

Depuis que je me suis rendu,
Je reste allongé contre le flanc des promesses que longtemps l’on étreint
Plus rien ne me poursuit si ce n’est son sourire de jasmin
Ce berceau de glace et de feu où le temps s’est à tout jamais éteint.