Céline Guarneri

Le Prince navrant et la fée qui cloche

Roman

Quatrième de couverture

Vous avez déjà perdu la tête pour un brun ténébreux qui s’est volatilisé avant que votre manucure n’ait eu le temps de sécher ? Si votre statut Facebook est : "en attente d'un miracle", et que vous pensez qu'un homme digne de ce nom ne fuit jamais (fuir, c'est bon pour un robinet !), contactez Mathilda. Avec « Le Prince navrant et la fée qui cloche », elle vous proposera des "dédicrasses" sur-mesure pour obtenir réparation des "indélicrades" de ces histoires d'amour qui finissent mal. Entre Lyon, Paris et Istanbul, Mathilda apprendra-t-elle à aimer un autre plat que celui qui se mange froid ? Ses machinations sont-elles aussi finement esquissées que son trait d'eye-liner ? Vous le saurez en vous plongeant dans ce roman plein de rebondissements, de douce folie, d'humour et de tendresse.

Explorez l'univers de ce roman

  • sur les réseaux sociaux :


Photo © Irving Penn

Extraits

Elle lui avait donné rendez-vous au bar d’un hôtel parisien huppé en se faisant passer pour un chasseur de têtes. Quand elle le vit avancer vers elle dans son costume trois pièces impeccablement taillé, la démarche assurée, un regard lancé sur son passage à chaque femelle croisée, elle comprit pourquoi la mariée triste regrettait de ne plus danser le tango à l’horizontal avec cet homme. Il appartenait à cette catégorie de mâles qui électrisaient la chair rien qu’en vous disant bonjour. Les femmes se pâmaient comme des midinettes bénissant le ciel d’avoir reçu un postillon de la bouche de leur acteur de cinéma préféré. Samuel avait accompli un travail remarquable. Comme toujours. Mathilda savait absolument tout de l’homme qui était en train de lui serrer la main énergiquement en déclinant son identité. On aurait dit qu’il prêtait serment sur la Bible des États-Unis, à une différence près : le témoin appelé à la barre ne laissait pas glisser ses yeux sur la robe de l’avocat. Le regard que Raphaël avait jeté sur elle était un lasso qui aurait presque pu dégrafer son soutien-gorge.

***

Elle avait rédigé les tables de la loi de la rupture amoureuse réussie et s’était spécialisée dans le commerce de la cicatrisation des amours dépecées. Toutes les méthodes de réparation étaient envisagées et un large éventail d’offres de vengeance, d’enterrement de vie de jeune larguée et de pulvérisation du chagrin était proposé aux clientes. De la récupération des mots de passe de messageries à la liquidation pure et simple de tous les biens de celui qui avait osé faire saigner le cœur enlaçant un doux rêve de vie à deux, Mathilda n’avait aucun état d’âme ni aucune limite. Elle était devenue une machine à réveiller toutes les belles au bonheur dormant qui se brossaient les dents à la barbapapa et au lexomil. Aider à tourner la page ne suffisait pas, il fallait cadenasser le livre, lui accrocher une ancre et le balancer au fond d’un océan. Personne ne traverse l’avenue du deuil amoureux sur le passage pour piétons. Il faut se jeter sous les roues et taper au passage avec énergie sur quelques capots en insultant les chauffards.

***

— Le bonheur arrive souvent par surprise. On croit à tort que le bonheur, ça se trouve quelque part dans le futur, mais c’est faux. C’est là, tout près, mais parfois, le bonheur c'est de ne pas comprendre. Esref, un de nos amis danseurs qui vit ici, nous a expliqué quelque chose sur les contes turcs. Le conteur commence souvent son conte par un "tekerleme", une suite de paroles qui roulent, comme le veut l'origine du mot. « Tekerlek » signifie "roue". Les paroles s'enroulent et commencent leur course en un rythme vif. Ce sont des paroles cocasses et fantaisistes. Ce tekerleme dit au début du conte permet de détruire la notion du temps. Car les contes turcs commencent toujours par « il était une fois, il n’était pas une fois ». Dans un temps qui existe, dans un temps qui n'existe pas. Dans une contrée qui existe, dans une contrée qui n'existe pas.

Photo © Annabelle Buisson

Autour du roman






Photos © Thomas Caillot