Céline Guarneri

C’est l’heure muette et damnée
Où l’essaim des rêves parfumés
Tord sur des oreillers d’or
Ce lac dans lequel l’homme perd pied
Et ce cœur dans lequel la femme prend corps.

Ange à l’œil brillant,
Le lit de diamants
Reviendra glisser sur le rivage
Des fronts de ces naufragés sans âge.

Sur le sein des sables anxieux
Des galets de poésie
Dorment silencieux
Dans l’empreinte de pas ébahis

Il leur faut rompre les amarres
Avec l’opacité des criques esseulées
De Brume-réalité et trouver
Terre d’asile, quitter ce monde avare
Ne plus respirer l’air impur
Des villes tentaculaires et obscures
Oublier l’air de rien
L’ère des mâts et des matins assassins

Connaître enfin les ébats marins
Les baignades au clair de dune,
Les mares de vin où la lune
Plonge et fait bouillir le sang et les reins
D’enivrements non feints.